Couple : Ce n’est pas « son » problème, mais « notre » problème

Valérie s’énerve ! Cela fait quatre fois que Damien, son mari, essaie de lui expliquer que cela le dérange lorsqu’elle nettoie sa table de chevet, parce que, après, il ne retrouve plus ses affaires là où il les avait laissées : son marque-page dans son livre ? Ses lunettes ? Ses gouttes ? La parade de Valérie, pour éviter de se remettre en cause, c’est de répondre : « C’est TON problème si cela te dérange ! Cela ne devrait pas te déranger ! » – sous-entendu : « Tu n’as qu’à gérer tes frustrations, ou ranger tes affaires toi-même ou, pourquoi pas, faire toi-même le ménage de notre chambre ! » Dans un couple, tout est affaire de relation, donc d’interactions. Ce que fait l’un ne peut pas ne pas retentir sur l’autre. Rien ne peut être « le problème de l’un » sans que cela ne devienne « le problème de l’autre » ! Les conjoints sont solidaires, imbriqués jusque dans les plus petites choses de la vie commune. C’est même bon signe que l’un réagisse émotionnellement à ce que fait ou dit l’autre (ou ne fait pas, et ne dit pas…) : cela signifie que ces époux n’ont pas érigé des murs d’indifférence jusqu’à devenir étrangers l’un à l’autre, et ne pas ressentir dans leur chair les effets (positifs ou négatifs) de la présence de l’autre.Cette broutille risque de s'envenimerCela dit, ce qui pose un problème à Valérie (l’ordre et la propreté) n’est pas ce qui pose un problème à Damien (le fait de ne pas retrouver ses affaires là où il les avait posées la veille) : là-dessus, ils ne s’entendent pas. On comprend vite que si l’un cherche à avoir le dessus sur l’autre, cette broutille risque de s’envenimer et de créer un problème récurrent, du style : « Tu ne m’écoutes jamais », « Tu fais toujours comme tu veux », « Je ne suis plus chez moi à la maison »… toutes sortes de paroles tranchantes, blessantes, qui évitent le dialogue en profondeur et empêchent la résolution commune de la question. Celle-ci n’est pas « son » problème, mais « notre » problème. À nous de le résoudre, ensemble, sans tomber dans la facilité de l’isolement ou de l’accusation.Porter ensemble le même jougPar le sacrement de mariage, chacun des époux devient responsable de l’autre : non seulement de sa vie, mais aussi de son équilibre psychologique, de ses états d’âme, de sa joie de vivre, en un mot de tout son être. Aimer n’est pas se séparer, se désolidariser de l’autre pour éviter de souffrir, mais porter ensemble le même joug. Avancer en tenant compte du rythme et des désirs de l’autre, de ses faiblesses et de ses failles aussi. La compassion est cette forme d’amour où Valérie peut apprendre à tenir compte des réactions de son époux, de ses résistances, en parler avec lui, pour voir comment faire baisser les tensions que son comportement (plein de bonne volonté !) provoque. Tout un art ? Peut-être préfère-t-il la poussière au sentiment d’être envahi ? Peut-être ne veut-il pas que sa femme « touche » à ses affaires : pourquoi ? À quoi correspond cet agacement, cette difficulté à se laisser faire ? Qu’est-ce qu’il ressent dans ce cas-là ? Autant de questions à prendre au sérieux, car derrière cette apparente broutille de rangement, se cache sûrement un petit scénario qui risque de se répéter à propos d’un autre sujet.