Exposition à Paris : Boissoudy, peintre des âmes

François-Xavier de Boissoudy est un ovni dans le monde de la peinture. Le critique d’art François Bœspflug voit en lui « un peintre surprise, peintre miracle ».Né en 1966, il a vécu en 2004 une effusion de l’Esprit, expérience d’émerveillement et de guérison de blessures intérieures. Depuis ce choc spirituel, vrai chemin de Damas ou conversion à la Claudel, il se consacre à une peinture radicalement originale et personnelle. Il la qualifie lui-même d’art sacré, mais avec une approche si singulière que ses œuvres sont réellement du « jamais vu », sans toutefois rien qui ne soit conforme à l’Évangile, rien qui puisse choquer ou déranger le chrétien fervent, seulement interroger, voire réveiller (n’a-t-il pas, en 2013, exposé sous le titre « Le mouvement des Veilleurs, une Annonciation française » ?)Son premier style mettait en scène dans le métro parisien des personnages sacrés sous les traits de gens ordinaires, entraperçus à travers des reflets. Pas d’auréoles, des vêtements de tous les jours.Et puis, il y a environ trois ans, il s’est lancé dans le lavis d’encre sur papier, où il renonce à la couleur pour ne plus travailler qu’avec la lumière, symbole du Christ venu en notre monde pour nous sauver. « La lumière, dit-il, est le symbole et la réalité de la Présence, elle transfigure chaque visage. Je l’utilise pour dire l’effusion de l’Esprit, cette vie nouvelle que Jésus transmet à ses disciples. » Elle se comporte comme un personnage, ordonne le tableau. D’une exposition à l’autre, il manie l’encre avec une aisance de plus en plus évidente, le côté faussement primitif de cette technique est en réalité très raffiné.Pour les sujets, on peut constater que huit ont été souvent représentés par les peintres, et cinq jamais. Il innove en imaginant la fête chez Zachée, qui invite les gens qu’il a lésés pour les rembourser – c’est aussi une allusion à la parabole des invités aux noces, au commandement « Vêtir ceux qui sont nus », et au sacrement de réconciliation car le pardon, c’est la fête. La parabole de l’enfant prodigue est vue comme une histoire de famille – « Un père avait deux fils » –, ce qui est profondément juste car le fils aîné, lui aussi, est infidèle à l’amour du père.Des thèmes illustrés par des centaines d’artistes sont exprimés avec un regard totalement neuf. Dans les Noces de Cana, avec des mariés d’aujourd’hui, il rend un bel hommage au sacrement de mariage, avec le Christ pour témoin. La Nativité, d’une grande beauté et poésie, est vue à une certaine distance, car l’Incarnation n’est pas seulement pour les bergers, mais pour le monde entier. La lumière émane de l’Enfant. Dans La Samaritaine, Jésus, harassé, demande à boire.Boissoudy est décidément le peintre des âmes. C’était une chose normale dans l’art du XVIIe siècle, mais rarissime à notre époque. Un critique d’art a écrit drôlement qu’il était « un judas pour espionner le paradis en douce ». Disons, une fenêtre entrouverte sur le Ciel. Peintre de la miséricordeAprès « Résurrection » en 2015, la galerie Guillaume, en cette Année de la Miséricorde, a demandé à Boissoudy de travailler sur ce thème, ce qui répondait justement à un appel qu’avait ressenti l’artiste. Les passages de l’Évangile pour l’illustrer ne manquaient pas. Un premier groupe de tableaux évoque la Nativité, puis viennent les Noces de Cana, Jésus pleurant avant la résurrection de Lazare – bouleversé dans son humanité de la mort de son ami, et compatissant au deuil de Marthe et Marie –, la Femme adultère, La Samaritaine, le Paralytique de Capharnaüm que non seulement Il guérit mais à qui Il pardonne ses péchés, la Guérison de l’aveugle-né, celle de la femme hémorroïsse, la Résurrection de la fille de Jaïre, l’histoire du Fils prodigue et celle de Zachée, et enfin l’Onction à Béthanie, qui est vue par l’artiste ni plus ni moins que comme une confession.